France Culture: La vérité si je mens
Emission avec Gloria Origgi et Franklin Rousty diffusée le 24 septembre 2013
« Tu ne mentiras pas » : pour le deuxième volet de notre série sur le mensonge, nous allons nous intéresser aux fondements de l’interdit religieux du mensonge dans les monothéismes. Ce vieil interdit trouve ses origines dans le décalogue. Le commandement « tu ne mentiras pas » n’est pas formulé tel quel mais le mensonge est proscrit en vertu de deux des commandements révélés à Moïse sur le Sinaï : « tu n’invoqueras pas en vain le nom de Dieu », et « tu ne porteras pas de faux témoignage ». Dès l’origine la double dimension (éthique et communautaire) apparaît. Le mensonge est d’abord un crime envers Dieu : la parole de l’homme doit être fidèle à l’ordre du monde voulu par dieu, respecter la vérité. Le mensonge est ensuite proscrit pour ce qu’il introduirait de chaotique dans la communauté. C’est en cela qu’il faut comprendre le commandement sur le faux témoignage.
Mais en réalité ces deux commandements relèvent de la même logique : les actes et les paroles du croyant doivent respecter un ordre du monde voulu par Dieu. Le langage doit donc respecter un principe de vérité...Quid des mensonges « tolérés » ? Malgré l’exigence morale de dire la vérité, n’y a-t-il pas des cas dans lesquels la religion tolère un écart, une dissimulation de la vérité, par exemple pour protéger une vie humaine menacée ? On peut se demander d’ailleurs si les autres grandes religions monothéistes à commencer par le christianisme, portent le même regard sur l’acte de mentir (coup de fil au théologien Jesus Asurmendi)…
On le voit, sur ce problème universel, l’histoire des religions rencontre celle de la philosophie. Platon dénonçait les sophistes, qui opéraient une rupture entre le langage et sa valeur de vérité… Le mensonge et son interdiction ont fait l’objet de grandes controverses au cours des siècles suivants, la plus célèbre d’entre elles opposant Emmanuel Kant (mensonge interdit) à Benjamin Constant (on peut mentir à une personne mal intentionnée). Aujourd’hui encore le sujet oppose les plus grands penseurs.
Musiques utilisées pour l'émission:
- "Eyelines of the eye", Jerusalem in my heart
- "The will of gold", Eric Neveux
- "Religion", Philip Glass
- "Rehla", Masar
Invité(s) :
Franklin Rausky, maître de conférences à l’université de Strasbourg, directeur des études de l’institut Elie Wiesel à Paris.
Gloria Origgi, chercheuse au CNRS, à l'Institut Jean Nicod
Franklin Rausky, maître de conférences à l’université de Strasbourg, directeur des études de l’institut Elie Wiesel à Paris.
Gloria Origgi, chercheuse au CNRS, à l'Institut Jean Nicod
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